(texte Rachel Muller: photos Joëlle Jaeger)
Uli et Joelle en Pionneer
Claude et Rachel en VL3
17/07/2017
LF5755/LFAW-EDMT (Zoufftgen/ Villerupt – Mengen : 157NM)
EDMT – LJPZ (Mengen – Portoroz : 279NM)
La fenêtre pour passer les Alpes selon les prévisions météorologiques est serrée.
Au petit matin, les 2 équipes se contactent par téléphone, à peine le ciel dégagé, pour faire coïncider l’heure du décollage et se retrouver à Mengen pour refueller et rapidement passer les Alpes au niveau 105, pour éviter de se retrouver désagréablement coincés entre le sommet des montagnes et les nuages. Le Pioneer prend la tête; pour avoir volé dans les espaces italiens, il sait quelle fréquence est joignable à partir de quel moment. Les temps estimés entre 2 points sont demandés. Padova info coordonne notre vol avec la CTR d’Aviano.
Pas loin de la grande piste d’Aviano, les sillons de 2 grands fleuves à secs se dessinent, puis le golfe de Trieste.
On annonce des militaires en activité quelques 500 pieds au-dessus, il faudra heureusement zoomer pour identifier l’avion de chasse.
La mer est maintenant à un toucher de main, entrée en Slovénie avec survol de l’étroite péninsule de Piran aux toitures orangées, puis les parcs à sel aux teintes beiges nacrées. Sur la route, parallèle à la piste, une longue file d’attente de voitures : les douanes. Ici pas encore de Schengen. Information souriante : un morceau de la piste de Portoroz appartient à la Croatie.
A peine posés, le camion d’avgas arrive et une fois les ulm sécurisés c’est au tour de la voiturette de golf d’embarquer pour 200m, les passagers, jusqu’à l’entrée de l’aéroport. Les cartes d’identités montrées, on sourit devant le desk d’accueil où le livre des remerciements est posé à côté d’une bouteille de drip étiquetée JET A dont le bouchon, original, est un pistolet d’essence. Le temps d’un délicieux sandwich au restaurant de l’aéroport avant qu’une navette conduise les équipes à leur location nichée sur les hauteurs de la ville.
L’équipe du pionneer connait la région et c’est parti, avec enthousiasme pour un tour guidé : à pieds ou en scooter découverte de Piran, la médiévale et ses champs d’oliviers jusqu’à Isola.
19/07/2017
LJPZ – LDSB (Portoroz – Brač : 216NM)
Coté météo, seuls les vents sont à étudier, en mai la Boma sévissait encore. Pour nous, le ciel bleu semble dégagé pour une période illimitée.
Portoroz attribue un squak dès le roulage et autorise le backtrack des 2 appareils ensemble pour rejoindre le seuil de la 33 : décollage face à la mer, puis une fois en l’air, un nouveau squak est attribué à chaque appareil.
VFR par Adria 1 à 3500 pieds : une myriade d’ilots plus intéressants les uns que les autres de par leurs sols, végétations, formes dont la terre soulevée semble faire des vagues sans oublier les nuances de bleu qui les encerclent. Le plus les iles s’éloignent en mer, le plus leurs terres sont arides.
Petit challenge entre les équipages : la recherche de l’île en cœur pour faire la photo du siècle!
Après être descendus respectivement de 3000 à 2500 puis 1500 pieds conformément aux instructions données par Zadar puis Split radar, il faut ensuite se dépêcher de remonter à 2700 pieds pour atteindre la piste de Brač juchée sur un plateau culminant à 1776 pieds.
Les indications du gps montrent la piste très proche, mais l’asphalte se fond dans le paysage sable des terres, qui, entourées de bosquets rend son visuel difficile.
Pas de tour en activité aujourd’hui pour cet aéroport conventionnel, juste l’auto info et un personnel au sol efficace avec une excellente nouvelle : la possession de la carte de membre de l’AOPA permet de bénéficier de 50% de réduction sur le tarif des atterrissages et parkings.
Bol, petite ville portuaire du sud sera désignée pour initialement 2 nuits le temps d’organiser l’entrée en Grèce. Promenade ombragée de 2km jusqu’à la célèbre corne d’or, on se débarrasse rapidement des chaussures pour que les pieds puissent se frotter aux galets. L’équipe du pionneer continue à jouer les guides pour le plaisir de tous. Retour en petit train comme des touristes. Mercredi, la traditionnelle fête des pêcheurs, le port bat son plein d’animation, musique et stands de restauration drainent une foule de bonne humeur. Mais, les transactions avec le handling agent de Corfou ne sont pas bien engagées; il est décidé de se laisser un jour de plus sur place pour obtenir la réponse et en profiter pour visiter en bateau Hvar et les grottes bleues de Bisevo renommées pour leur lumière naturelle bleu électrique venant des rayons de soleil passant par une ouverture sous-marine.
Corfou ne peut finalement accueillir qu’un seul ulm pour cause de trafic intense. L’idée de rechange est de faire simplement un stop essence + douanes et de descendre plus au sud sur Kefallinia ou Zakinthos. Bien qu’ayant forwarder toutes les données des ulm, pilotes, licences….les mêmes questions sont inlassablement reposées, on a le sentiment de tourner en rond. Personne n’a envie de s’échiner encore plusieurs jours à parlementer pour une hypothétique seconde place, c’est décevant mais le sud de l’Europe regorge d’endroits magnifiques, alors on visitera gaiement d’autres îles croates puis ce sera l’Italie. Unije nous intéressait de par son côté sauvage, pas de chance l’aérodrome est déclassé, seule une autorisation durant 2 mois à obtenir le permettrait. Losinj semble accueillant, l’aéroport également douanier facilitera la suite du voyage. En dénichant un petit appart 2 ch sur booking.com, on peut continuer.
22/07/2017
LDSB – LDLO (Brač – Losinj : 141NM)
Récupérés par la navette de l’aéroport on rejoint les appareils.
Un vent plein travers, 15kt. La piste 22 en service offre un décollage face à la mer entre 2 monts plongeant abruptement dans la mer. Avec les ailes basses ce ne sera pas un des décollages les plus aisés mais restera dans les limites du constructeur. Si les ailes hautes avaient été de sortie, il aurait probablement été plus sage de reporter le vol. Au point d’arrêt, Uli demande à la tour, aujourd’hui samedi, active, un dernier check du vent pour s’assurer que des rafales ne viennent pas s’ajouter.
En l’air, en fin de piste, pour montée initiale à 300 pieds maximum autorisés, secoués entre les monts et… c’est le vide, une paroi verticale de 600m. Impressionnant. Ces efforts sont récompensés successivement par la magnifique île palmier de Pakleni, la route Adria 1 dont on ne se lasse pas et l’archipel aux multiples collines que forme Losinj. L’aéroport a des dimensions plus conviviales, une petite terrasse avec un distributeur de boissons, un service de douanes journalier sans oublier, à sa sortie, le petit restaurant aux couleurs vives dont le personnel sympathique commande les taxis.
A terre, le but : se rendre au point de vue “Providenca”, café et trail éducatif sur les îles croates, se baigner dans les criques sauvages à l’eau translucide et se tanner sur les rochers découpés. Au détour d’un chemin, c’est la découverte d’un immense panneau annonçant le prochain “World cup mountain bike” des 21 et 22 avril 2018, on s’improvise une grimpette sur la rampe de départ en pensant qu’il sera bien amusant de suivre l’évènement à la télé ayant visualisé une partie du circuit si toutefois on y repense le moment venu…
24/07/2017
LDLO – LDPV (Losinj – Vrsar : 62NM)
LDPV – LDLO (Vrsar – Losinj : 52NM , 10NM de moins en passant par la cote)
7.00 : 25/24, 9.00: 28/21
Plan de vol avec skydemon avec ajout RMK/EXIT LDLO O1, routing J1 E3 DCT, sans quoi, comme pour la Slovénie, il sera rejeté.
Décollage en auto info, routing par les terres, survol d’un fjord pour terminer après 40 minutes par une finale pour le moins surprenante : au seuil de la 36 une imposante villa en U. Amusé, le VL3 bat des ailes pour saluer ses habitants avant de se poser.
Ceux-ci ont dû être aux premières loges lors du Redbull Airace en 2014. Le mécano du club nous dépose au port à 1,5km et laisse son numéro en prévision du retour. Au programme, billets réservés sur le net pour un taxi boat jusqu’à Rovinj.
Ici, une dizaine de bateaux proposent les mêmes services Rovinj-le fjord-la plage départ 12.00 et retour en fin d’après-midi, idéal pour une visite d’une journée. Les touristes affluent sur la petite ile de Rovinj, cela devient un art de photographier une ruelle sans passant mais la ville pittoresque, avec son linge séchant aux fenêtres, son marché local, ses maisons du bas de la colline bâties sur la mer, ses restaurants et cafés autour de minuscules cours intérieures vaut la visite. Agréable retour par le fjord Limski jusqu’à un amarrage pour le moins mouvementé : un front a rejoint la baie, l’orage éclate, bien plus tôt qu’attendu. Coincés sur le bateau par l’impossibilité de descendre la passerelle, commencent alors les interrogations sur notre possible retour. L’heure tourne, il pleut à verse mais le vent finit par se calmer et permet de descendre sur la terre ferme pour rejoindre l’aérodrome. Commence alors le guet du ciel en espérant un coin de ciel bleu, le report du plan de vol par téléphone jusqu’à la limite de 19.20, Losinj fermant à 20.00. Roulage au point d’arrêt en faisant fuir les mouettes réfugiées sur le tarmac, backtrack en 18 et décollage en direction du ciel dégagé longeant la côte à 1000 pieds pour un vol d’une demi-heure. Le contrôleur très attentionné de Pula radar informe qu’en raison des mauvaises conditions sur Losinj, il nous reprendrait sans problème si d’avenant il fallait rebrousser chemin. Survol de Rovinj, encore plus joli d’en haut que d’en bas puis passage à l’ouest de l’amphithéâtre de Pula. Peu avant d’atteindre la destination, des arcs en ciels nous entourent, une pure beauté, la tempête est déjà passée. Au sol, le demi-cercle aux 7 couleurs est complet, une rareté à immortaliser.
25/07/2017
LDLO – LJPZ ( Losinj – Portoroz : 70NM)
Portoroz offrant un service exceptionnel, avec son avgas le moins cher du voyage à 1,58€ le litre, ses douanes sans prise de tête et ses infrastructures de qualité, on décide sans hésitation de repasser sur ce terrain situé au nord plutôt que de couper directement à l’ouest par la mer en Italie.
Le plan de vol a été établi par le littoral avec l’idée de pouvoir survoler une nouvelle fois Rovinj, mais le contrôleur ne l’entend pas de cette manière et à peine le contact établi, impose-t-il un routing dans les terres sans négociation possible.
Durant ce vol, Joelle remporte la manche haut la main en photographiant l’ile en cœur.
L’approche de Portoroz est toujours aussi belle. Claude profite de cet arrêt pour demander un bidon afin de vider l’aile gauche du VL3. Ce matin, en voulant vérifier l’essence, la valve de purge bloquait …une clef de 11 pour desserrer la vis du réservoir, un cure dent pour nettoyer les rainures et les ouvertures, un sceau flambant neuf en inox -prêté par le service de l’aéroport- pour vidanger et le diagnostic est posé : des cadavres d’insectes bouchent la sortie du réservoir. Après avoir soigné les ulm et leurs pilotes, c’est reparti.